IX.Les théories et principes du Professeur A. Caycedo

I – La sophrologie est à la fois…
* une science

* une philosophie

* une thérapie
* un art

Etymologiquement, sophrologie vient du grec :
sos
= harmonie – équilibre      
sophron
= sage – sensé
phrenos
= esprit conscience
sophrosune
= état d’équilibre  
logos
= étude – discours entre corporel, affectif et intellect.

 

A. UNE SCIENCE
Si l’on prenait, à titre d’exemple, des sévices extrêmes conduisant à une déstructuration psychique et de la conscience, cela pourrait être :

a) Physiquement:
Incarcération et torture.
Maladie, douleur et mal-être peuvent s’en rapprocher

b) Physiologiquement:
La privation de nourriture ou de sensations

c) Psychiquement:
L’humiliation dans l’enfance (le petit gros)

d) Sociologiquement:
Dans un groupe vindicatif ou un mouvement de masse, quelqu’un d’équilibré, cohérent, de bonne éducation, peut devenir un véritable voyou. Le « surmoi » est facilement dissoluble dans un groupe

Rappellons qu’en psychologie :
Le ça :                 est la réserve de pulsions (colère – haine – satisfaction – plaisir)
Le moi :              le principe de réalité (j’ai soif mais je ne peux pas boire en public)
Le surmoi :       la régulation des pulsions (principes religieux – moraux et  sociaux)

Pour exemples :
– Le psychopathe aura:
. un ça très développé,
. un moi stable
. un surmoi développé

 

– Le pervers aura:
. un ça développé
. un moi développé et
. un surmoi en baisse

 

Le « moi » peut être aussi dimensionnel :
Le Moi Corporel c’est : « je suis dans la pièce »
Le Moi Présentiel c’est : « le corps est dans la pièce mais l’esprit est ailleurs »

 

B. PHILOSOPHIE
La sophrologie fait appel à la PHENOMENOLOGIE EXISTENTIELLE
(cf. ci-dessus Heidegger)

– Science humaniste
– L’homme est indivisible (corps – esprit)
– L’homme est capable de vivre sur des réalités positives
Chaque individu est unique mais réagit à des lois universelles (l’homme respire mais sa respiration lui est personnelle)
– En phénoménologie, pour connaître le phénomène, il faudra :
. ne pas
émettre de jugement (faire l’Epokée)
.
une découverte pure – un regard vierge , neutre
– Le sophrologue est le miroir du patient :
. être à l’écoute des sensations positives du patient
. le négatif est contagieux
. pas de relation de pouvoir sur le patient mais de « savoir »

 

C. THERAPIE
La sophrologie :
* aide à exister
* développe le champ de conscience
* ne prive pas le patient de son symptôme mais aide celui-ci à mieux l’intégrer
* aucun forcing, le travail se fait seul. Progressivement les phénomènes positifs vont augmenter
* développer la balance entre le Moi Présentiel et le Moi Corporel

Très peu de contre-indications, à la limite…
* Psychopathie :  perte de tout sens moral non interprétation des valeurs sociales,
hypertrophie du Moi, anti-social. C’est un casseur !…

* Hystérie: contre-indication relative. Peut déstabiliser un groupe thérapeutique

 

D. ART
– Recherche de  l’harmonie
– Entraînement de la personnalité, de la corporalité

 

II –Les principes en sophrologie
A.
Entraînement réductif : (réduction phénoménologique).
Il s’agit de la réduction du négatif pour le vivre d’une autre façon.
Relaxation – réduction du négatif – remodelage du schéma corporel

B. Entraînement radical :
Restructuration morale – ouverture de la conscience – questions posées sans réponse pour éviter toute rechute dans le rationnel

C. Entraînement existentiel :
Découverte des valeurs existentielles en fonction de sa démarche personnelle ; les réponses arriveront…

 

 

 

III – Les temps en sophrologie
1.
Temps de vécu expérientiel :
On vit une technique et  non le nom de la technique, sinon il y aurait  induction :
* d’un transfert positif : le patient dira votre technique X… n’a pas réussi alors qu’il s’agit de la sienne
* d’un transfert négatif : « j’ai tout essayé et  même votre technique X… n’a pas réussi » car il aura son nom en références

 

 

2. Temps de parole :
* le discours pré-sophronique est très important
* le discours post-sophronique (phénodescription) l’est encore plus

 

IV- Le concept phénoménologique
Nous l’avons vu, c’est l’un des concepts principaux de la sophrologie.
Vivre un évènement
, constater sa réalité vécue et porter un regard scientifique sur tout cela. Après seulement, essayer de comprendre.

 

 

V – Evolution de la conscience jusqu’à la Sophrologie
Afin de comprendre l’aboutissement à la conscience « supérieure » que procure la sophrologie, il semble important de retracer l’histoire de la conscience et de son évolution.

 

Conscience Tanière ou Adamique (ventre de la mère)
C’est l’animal prédateur: ni groupe, ni société, ni famille, pas d’identification, solitude existentielle.

Conscience Sylvestre ou Caverne (étape de la famille)
Premières cellules sociales, premiers rôles : l’homme chasse, la femme fait le feu, le repas.
Les clans, les familles, les tribus, les chefs-sorciers-chasseurs, etc ; première identité.

Conscience Logos (bobo – pipi)
Communication par langage, appartenance à un groupe (peuple).

Conscience Théos (pâte à modeler) :
Appartenance par rapport à une croyance. Période des arts (temples, etc).

Conscience Cogito (comment ? pourquoi ?) :
La conscience se questionne, réfléchit sur elle-même. Comment l’homme fonctionne-t-il ?

Conscience phénoménologique:
Science de la conscience qui porte un regard sur elle-même. On étudie sa conscience sans jugement.

Conscience sophronique
Vécu, vivance, existence, conscience illimitée (elle n’est pas enfermée dans une boîte crânienne mais peut voyager).

1ère THÉORIE
Théorie des niveaux et états de conscience
ou des possibilités existentielle de l’être.

– Plus on est conscient, plus on est vigilant et inversement
– Le niveau idéal pour être bien conscient, c’est le niveau sophro-liminal (subliminal), état d’équilibre
– Le moi sera en sécurité et il y aura diminution de la défense du moi et l’inconscient pourra s’exprimer
– S’il règne une hypervigilance : certaines fonctions augmenteront et d’autres diminueront (mémoire, imagination, création)
– Si règne le sommeil : ce sera l’inverse. Le tonus baissera et les autres augmenteront
– Il existe un « espace » entre le Moi Présentiel et le Moi Corporel que l’on développera progressivement afin de trouver un équilibre parfait. On appellera  cette région  « région phronique ».

Ø 4 niveaux quantitatifs de conscience:
– la veille
– le niveau sophro-liminal (ou subliminal)
– le sommeil
– le coma

Ø 3 états qualitatifs de conscience (possibilités existentielles) :
– la possibilité existentielle pathologique (CP)
– la conscience individuelle ordinaire (CO)
– la possibilité existentielle sophronique (CS)

 

Essayons d’expliquer ce qu’est  la conscience humaine …
Une définition bien délicate et bien difficile…
Si nous ouvrons un livre de physiologie aussi réputé que le Samson et Wright, on ne peut y constater qu’une maigre demi-page.

Le Professeur Caycedo, après plusieurs recherches, finira par la définir comme :
« force intégrante des structures psychiques et physiques de l’être, de l’existence. La force qui anime la personne humaine : une énergie, un éclairement, un flux.
Individuelle, aux contenus différends pour chaque individu, elle est universelle et transcendante ».

 

A partir de l’étude de la conscience, le Professeur Caycedo créera certains néologismes qui permettront de mieux la définir et de la comprendre (ce qui n’existait pas jusqu’alors)  et d’établir, sans en changer la forme, la pathologie qui lui est propre.

Le travail sophrologique devra conduire à l’élargissement du niveau sub-liminal, qui permettra l’accroissement du travail sans sombrer dans le sommeil.

 

Reprenons en détails ces 3 états qualitatifs de conscience (possibilités existentielles) :

1) La conscience ordinaire (CO) :
C’est celle de tout le monde vivant sans questionnement, sans nouveau regard sur les choses.

 

2) La conscience sophronique (CS) :
* La vivance: néologisme permettant un distinguo entre vivre et exister.
Exemples :
– Aller au restaurant est un plaisir de la vie.
– Y aller avec un ami très cher qui vous laissera un souvenir très agréable marquant votre conscience pendant longtemps est un phénomène vécu :  c’est une vivance (de l’espagnol vivancia).

* Intégration existentielle positive de l’être
Les différents cycles de la sophrologie permettront une certaine évolution de l’être :
Euphronie : 1er cycle de la sophrologie (réductif). Recherche de l’ « harmonie des structures comme mode existentiel ».
Eumétrie : 2ème cycle de la sophrologie (radical). C’est l’état supérieur.
Sophronie : va au delà de la santé (définition OMS). C’est la plénitude existentielle. L’individu ne vit pas mais il existe (symbiose corps – esprit)

 

 

3) La conscience pathologique (CP) :
L’altération par la maladie ira de la névrose à la psychose voire de la démence à plus.
En sophrologie, la maladie est un « accident » et non un élément essentiel de l’existence.
Nous observerons donc un vocabulaire propre au Professeur Caycedo et adapté à certaines pathologies.

a) Dysphronies :
*Dysphronies premières : Déséquilibre existentiel par altération du Moi Présentiel (névrose, dépression, anxiété, phobie, troubles du comportement).

*Dysphronies secondes : Déséquilibre existentiel par altération du Moi Corporel (maladies organiques).

b) Dysmétries (ou dysphronies 3ème) :
Déséquilibre de la région existentielle comprise entres les 2 Moi (psychoses, schizophrénies, psychopathies).

c) Anaphronie :
Altération globale (démences, arriération mentale, idiotie …)

Ø  Quels sont les 4 piliers de la sophrologie
*Epistémologie : Concepts et théories formant une science.

* Méthodologie : Techniques diverses avec 3 cycles :
– Réductif : Epokée (absence de jugement)
– Radical : on va laisser la conscience se poser des questions sur le corps, sur le mental
– Existentiel : les réponses aux questions vont venir naturellement

* Herméneutique : Science de la découverte. Découverte ici des structures de l’être.

* Sémantique : Terminologie et vocabulaire appropriés.

 

Ø  Les  3 principes de la sophrologie
1) Le principe du schéma corporel comme réalité vécue : le schéma corporel ne représente pas seulement l’image que chacun a de son corps mais aussi le sentiment.

2 Le principe d’action positive : quelque action positive que ce soit sur n’importe quel élément de la conscience a des répercutions sur le reste et inversement. Le négatif est contagieux.

3) Le principe de réalité objective : lié à la personnalité du thérapeute qui devra être clair avec lui-même, analysé. Etre conscient de l’état de son patient et de l’aide réelle qui peut lui être apportée.

 

Ø  Les concepts
Nous avons vu :
L’alliance sophronique: relation entre le thérapeute et le patient. Aucun pouvoir.
Terpnos Logos : Façon verbale basée sur la persuasion, ton harmonieux pour diriger la sophronisation, un ton hypnogène.

2ème THEORIE
Processus vivantiel de l’être ou théorie des structures phroniques

Ø  Théorie des structures phroniques
On part du principe qu’il existe des « valences » phroniques :
. positives (+) ou sophroniques
. négatives (-) ou anaphroniques
. neutres (N) en stand-by
. muettes (H) ou biologiques

Dans certains cas, les valences neutres peuvent devenir négatives (cancers, douleur).
La sophrologie essayera de capitaliser les structures positives, d’augmenter le pool positif aux dépends des neutres et de limiter les structures négatives qui ne peuvent pas disparaître ( valences mises « entre parenthèses »).

Ø  Théorie du processus vivantiel de l’être
2 lois fondamentales :
1) Loi de la vivance phronique :
Rencontre corps-mental dans la profondeur de la conscience, c’est là où se produira la transformation des structures. Découvrir, conquérir, transformer cette région de rencontre.

2) Loi de l’entraînement et de répétition vivantielle :
La répétition de la vivance conduit à cette transformation. Il convient donc de s’entraîner régulièrement et le plus souvent possible aux techniques apprises.

3ème THEORIE
L’intégration dynamique de l’être

A la base, l’être est rempli de vie (respiration, métabolisme …).
Des phénomènes latents sont prêts à jaillir (mémoire, pensée, jugement, langage, création, imagination).
En agissant sur une fonction on harmonise l’autre.

La sophrothérapie structurale agit donc sur les capacités de la mémoire et non sur son contenu.

 

Ø  Intégration dynamique de l’être :
Chaque soir au coucher, nous plongeons dans la nuit et nous emmagasinons nos acquis du jour dans nos structures profondes.
Au réveil, nous sortons des mondes latents pour nous lancer dans le monde présent et découvrir de nouveaux acquis.

Les capacités de la conscience sont des structures universelles contenues dans les mondes latents.
Caycedo en définit 31, exemple : rythme sommeil/éveil, cénesthésie, sensations, perceptions, sentiment, mémoire, orientation, pensée, intelligence, etc.

 

4ème THEORIE

– On recherche un équilibre maximum entre le Moi Présentiel et le Moi Corporel
– En hypnose classique, la suggestion est directe et l’on donne un ordre (il n’existe qu’un corps).
– En sophrologie, nous ferons une proposition (ERICKSON) qui permettra d’élargir l’espace entre les deux « Moi ».
– Il y a différence fondamentale entre jugement de valeur et jugement d’existence
(= axiologie)

Axiologie : La conscience ordinaire ne même qu’à des jugements d’existence ou pseudo-jugements de valeur. Le véritable jugement de valeur est celui de ce qui « doit être ou devrait-être ». Ce jugement ne peut surgir que dans une conscience en questionnement. L’homme compare un fait particulier à une règle émise, qu’elle soit de société, morale ou religieuse, et n’accède pas à un jugement de valeur.

– La valeur se manifeste d’abord dans le désir puis dans les intentions.

– Le désir d’exister est la prise de conscience du désir d’exister au travers de 4 rencontres: Misère – Souffrance – Vieillesse et Mort (BOUDDAH).

5ème THEORIE

Nous l’avons vu, l’espace phronique est situé entre le Moi Corporel et le Moi présentiel.
La réduction phénoménologique conduit à la rencontre du Corps et du Mental, des dimensions mentales et corporelles (conscience illimitée, biologie illimitée).

Pratique et entraînement réguliers conduiront à élargir cet espace indispensable pour exister.